La « chambre à soi » déclinée à Genève : Alice Rivaz devient romancière
Cette conférence est l’occasion de redécouvrir Alice Rivaz (1901-1998). L’œuvre de cette romancière a suscité un grand intérêt entre Genève et Paris du vivant de l’auteur, mais sa réception posthume se caractérise aujourd’hui par sa discrétion dans le cadre quasiment exclusif de la Suisse romande. Or l’œuvre d’Alice Rivaz doit être lue dans un contexte européen, aux côtés de celles des grands écrivains du XXe siècle, au contact desquels elle-même a forgé sa conception de la littérature et sa voix de romancière, tels Ramuz, Virginia Woolf ou Proust. Il convient aussi de nous interroger sur la signification de Genève dans la transformation entre la secrétaire Alice Golay et la romancière Alice Rivaz : signification littérale et métaphorique pour cette femme suisse de la génération féministe de la « chambre à soi », selon l’expression de Virginia Woolf. Concrètement, Genève a été pour Alice Golay la ville de la liberté, qui a rendu possible un style inédit de vie indépendante grâce à son travail salarié et son appartement personnel de l’avenue Théodore-Weber. Au niveau métaphorique, le déplacement de Lausanne à Genève, mis en scène dans le roman Jette ton pain (1979), illustre l’éloignement nécessaire à la femme moderne vis-à-vis des contraintes du milieu familial pour atteindre à la liberté de créer et réaliser en actes une destinée féminine entièrement nouvelle.
Valérie Cossy est professeure associée à la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne. Ses recherches et ses enseignements interrogent l’impact du genre par rapport à la création littéraire et aux représentations des femmes et des hommes. Au fil de ses enseignements et de ses articles, elle observe la manière dont a été pensée la différence de sexe depuis les Lumières jusqu’à notre modernité contemporaine : une conception passant de la « querelle [explicite] des femmes » à une naturalisation de la différence qui, dès 1800, éloigne la discussion des sphères politique et culturelle en réduisant la différence à une question exclusivement scientifique, avant que la contestation ne fasse son grand retour, au milieu du XXe siècle, sous les plumes de Simone de Beauvoir, Virginia Woolf et Alice Rivaz, qui inaugurent notre pensée féministe contemporaine.
Valérie Cossy est notamment l’auteur de la monographie publiée par l’Association Mémoire de femmes – Alice Rivaz, Devenir romancière (Genève, Suzanne Hurter, 2015) – et d’un livre consacré à une femme des Lumières, qui demande elle aussi à être redécouverte par un public élargi : Isabelle de Charrière, Écrire pour vivre autrement (Lausanne, PPUR, « Savoir suisse », 2012).
www.valeriecossy.wordpress.com
Valérie Cossy est professeure associée à la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne. Ses recherches et ses enseignements interrogent l’impact du genre par rapport à la création littéraire et aux représentations des femmes et des hommes. Au fil de ses enseignements et de ses articles, elle observe la manière dont a été pensée la différence de sexe depuis les Lumières jusqu’à notre modernité contemporaine : une conception passant de la « querelle [explicite] des femmes » à une naturalisation de la différence qui, dès 1800, éloigne la discussion des sphères politique et culturelle en réduisant la différence à une question exclusivement scientifique, avant que la contestation ne fasse son grand retour, au milieu du XXe siècle, sous les plumes de Simone de Beauvoir, Virginia Woolf et Alice Rivaz, qui inaugurent notre pensée féministe contemporaine.
Valérie Cossy est notamment l’auteur de la monographie publiée par l’Association Mémoire de femmes – Alice Rivaz, Devenir romancière (Genève, Suzanne Hurter, 2015) – et d’un livre consacré à une femme des Lumières, qui demande elle aussi à être redécouverte par un public élargi : Isabelle de Charrière, Écrire pour vivre autrement (Lausanne, PPUR, « Savoir suisse », 2012).
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